lundi 3 décembre 2012

Le parfum (non pas le livre...)


Je me lance (enfin), dans une série destinée à l’histoire du parfum...
J’ai du me reprendre à plusieurs fois avant de lancer ce post car c’est pour moi assez étrange d’en parler publiquement car ce sujet fut l’un de mes bébés de l’année dernière (que d’émotiooooonnnnnsssssss !!!!). En gros, je ne voulais pas me louper ! Donc un post plus «sérieux», qui me tenait à coeur et qui servira d’introduction à cette série.

L’histoire du parfum au Moyen Âge et à la Renaissance ne prend pas qu’un sens «superficiel» comme certains pourraient le penser. Cette étude m’a permis de constater les différents aspects qui entrent en jeu, à la fois sacré, curatifs et bien sur esthétiques.
En effet, de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, le parfum reste donc profondément marqué par ses relations étroites avec les fonctions vitales. En septembre 1347, douze bateaux génois, venant de Constantinople, débarquent à Messine, en Sicile, et apportent avec eux la peste, qui, à partir d'un foyer asiatique, avait gagné la mer noire. L’épidémie se propage alors rapidement et l’Europe perd un tiers de sa population. Les hommes de l’époque pensent à un châtiment divin et persécutèrent à cette occasion les Juifs qui s’enfuirent, en prenant le temps d’enterrer leurs biens précieux. Des fouilles permirent de retrouver à Erfurt des objets d’orfèvrerie dont un objet unique, un « nécessaire de toilette ». Sa chaîne est munie d'instruments cosmétiques et un petit flacon en forme d'étoile renferme un coton qui était peut-être autrefois imbibé de parfum. Cette découverte dans un tel contexte permet de constater l’importance que pouvait avoir le parfum à des fins hygiéniques. Depuis le début de l’Antiquité, l’aromathérapie est utilisée comme remède pour se préserver des épidémies. Les théories et les formules des anciens savants grecs et romains en matière de médecine et de cosmétique étaient d’ailleurs bien connues lors du bas Moyen Âge, comme nous le prouvent les manuscrits enluminés reprenant ces textes. 
Les contacts avec l’Orient lors des croisades amenèrent toutefois la culture du parfum en Europe et les échanges de matières. En 1174, le roi de Jérusalem Baudouin IV aurait offert à l’empereur Frédéric Barberousse plusieurs pommes d’or remplies de musc et en 1240, Jacques de Vitry les cite parmi les objets de luxe importés d’Egypte. La reine Eléonore d’Angleterre achetait, pour sa part, des boules de musc à Roger d’Acre en 1294. Cet objet est défini par Olivier de La Haye dans son poème sur la Grande Peste de 1348 : ce serait « une pomme artificielle, composée d’ambre et de plusieurs autres nobles matières, et est moult odorant et conforte la cervelle et défend contre la malice de l’air ». Ce sont donc des réceptacles ronds pour une pâte parfumée.

Pomme d'ambre, Italie, XVIe siècle,
musées de la Parfumerie Fragonard (Paris)


La pomme d’ambre, la pomme de senteur ou pomander chez les Anglais peut également être trouvée sous le terme de bisamapfel dans l’ère germanique sous une forme particulière. Il existe, à côté de ces pommes de senteur, un autre support pour le parfum, notamment sous sa forme liquide, et qui a également son importance : c’est le flacon, réalisé sous différentes formes et avec des matières variées.
Puis, à partir des Temps modernes, le développement des recherches scientifiques touchent de près le domaine du parfum. Il est d’ailleurs intéressant de constater que pendant cette période, les théories sur l’hygiène évoluent. Au début du XVe siècle, l’usage du bain par exemple était quotidien, grâce à un accès à des établissements publics. Mais ces lieux fermèrent sur ordre d’Ambroise Paré, qui préconisa une pratique individuelle de l’hygiène au XVIe siècle pour éviter la propagation des épidémies, et notamment de la peste qui, après celle de 1348, reste présente dans les mémoires. Cette précaution est également prise car ces bains se transformèrent à la fin du XVe siècle en lieux de prostitution.

Barthel Bruyn l'Aîné, Portait d'un homme de la famille de Weinsberg,
vers 1538-1539, museo Thyssen-Bornemisza (Madrid)


Leur usage soulève donc plusieurs interrogations. Quelle était par exemple la place du parfum dans la société ? A quoi servait-il ? Que symbolisait-il ? En quoi cela pouvait se refléter sur les réceptacles à parfum ?

La suite au prochain épisode... (Que de suspense !!!)